Rendre visibles les invisibles

Quelques militants étaient présents ce 17 février 2022 à un moment de recueillement pour ne pas oublier Moussa, décédé il y a deux ans sur un chantier, et avoir une pensée pour toutes les victimes du travail.

L’Union Locale CGT du Pays Niortais demande officiellement à Monsieur Jérôme Baloge , maire de Niort, qu’une plaque commémorative soit posée sur l’école Louis Aragon de Niort.

Prise de parole 17 février 2024

Il s’appelait Moussa DOSSO et avait 20 ans.

Moussa venait de Cote d’Ivoire. Il a traversé le désert, la mer dans l’espoir de vivre mieux. De faire mieux vivre les siens.

En France, c’était une vie nouvelle qui s’ouvrait à lui.
Inséré, il avait des amis, il jouait au foot. C’était un jeune de 20 ans.

A Niort, il apprenait un métier. Il était apprenti dans une entreprise de bâtiment.
Moussa travaillait sur les chantiers de la région. Souvent des commandes publiques.

Le 17 février 2022, il travaillait dans cette école. Il installait un ascenseur pour faciliter la mobilité des personnes en situation de handicap.
Près d’un échafaudage, il était chargé de réceptionner des parpaings jetés d’environ 3 mètres de hauteur.

L’un d’eux l’a blessé grièvement, engageant son pronostic vital.
Moussa décèdera de ses blessures après avoir été transporté à l’hôpital de Niort.

Il s’appelait Moussa et il avait 20 ans.
Il fait partie de ces morts invisibles, ces anonymes qui meurent au boulot, auxquels on consacre trois lignes dans la rubrique des chiens écrasés avant de les laisser redevenir des inconnus.

Ils rejoignent d’autres victimes, décédés du travail, dans le flot des statistiques.

Moussa était un ouvrier du bâtiment. En Nouvelle Aquitaine, c’est le secteur qui possède le taux de fréquence d’accidents du travail le plus élevé.

Moussa avait 20 ans. 27% des accidents du travail frappe les travailleurs de moins de 30 ans alors qu’ils ne représentent que 15% des salariés.

Moussa était apprenti.  En 2021, 10 apprentis ont perdu la vie en entreprise. Ils sont victimes de 50% des accidents du travail des moins de 20 ans.

Moussa fait partie des 903 travailleuses et travailleurs décédés au travail en 2022.
Moussa aurait pu être un des milliers de salariés invalides du travail.

La France est le pays d’Europe le plus touché par les accidents de travail mortel devant des pays comme la Bulgarie ou la Croatie.

Les autorités concernées doivent prendre la mesure de ce que vivent les travailleuses et les travailleurs de ce pays et engager les actions nécessaires à leur protection.

Des inspecteurs du travail, des médecins du travail, de la formation pour les jeunes travailleurs, des sanctions pour les employeurs irresponsables…
Il faut des moyens pour sauver des vies.
Il faut aussi de la volonté. Nous, nous l’avons.

Pour que nous n’ayons plus à faire le décompte de nos collègues tombés sur leur lieu de travail.
Pour que nous n’ayons plus de noms à inscrire après celui de Moussa et des autres.

Nous demandons à la mairie de Niort aujourd’hui, pour sa mémoire, qu’une plaque soit apposée sur ce bâtiment pour que l’on se rappelle qu’ici, Moussa est décédé, mort au travail.

Il s’appelait Moussa, il avait encore de nombreuses et belles années à vivre.
Merci de ne pas l’oublier.

https://www.lanouvellerepublique.fr/niort/a-niort-la-cgt-reclame-une-plaque-commemorative-en-memoire-de-moussa-dosso

Crédit photos: La Nouvelle République – Jean-André Boutier