Notre histoire
A la fin du XIXe siècle, le processus de concentration des formes syndicales s’accélère avec la création de la Fédération nationale des syndicats (1886) et celle de la Fédération des bourses du travail (1892).
Ces deux conceptions du syndicalisme se rejoignent en 1895 au Congrès de Limoges.
28 fédérations d’industries et de métiers, 18 Bourses du Travail et 126 syndicats autonomes signent l’acte de naissance de la CGT avec pour ligne d’action « d’unir sur le terrain économique et dans des liens d’étroite solidarité les travailleurs en lutte pour leur émancipation intégrale ».
Jusqu’en 1902, la CGT en tant que confédération n’a que très peu de substance.
Le Congrès de Montpellier adopte une profonde réorganisation interne. La CGT s’affirme désormais comme l’ensemble articulé des fédérations du champ professionnel et des unions territoriales.
C’est l’« Unité ouvrière », une mutation telle qu’on parlera de « deuxième naissance » pour cette organisation qui s’apprête à inventer le syndicalisme révolutionnaire.
La grève générale, organisée le 1er mai en faveur de la journée de huit heures, donne le signal de l’extension des luttes.
Au congrès d’Amiens, un besoin de clarification s’exprime et pousse la CGT à réaffirmer son identité en défendant un syndicalisme de lutte, indépendant et à vocation révolutionnaire.
Les délégués assignent au syndicalisme un double objectif et une exigence : la défense des revendications immédiates et quotidiennes, et la lutte pour une transformation d'ensemble de la société en toute indépendance des partis politiques et de l'État.
Ils affirment l'indépendance des organisations syndicales vis à vis des partis et des sectes.
La CGT enregistre avec satisfaction la croissance de ses effectifs et l’extension de son réseau.
L’orientation générale est pourtant critiquée.
Cette crise de croissance porte Léon Jouhaux à la direction de la CGT et le 5 octobre, paraît le premier numéro de La Vie ouvrière.
Les orientations antimilitaristes et antipatriotiques de la CGT se heurtent à la puissante vague chauvine qui envahit le pays.
Les actions concrètes menées contre le danger de guerre ne mobilisent guère les foules. De nombreuses maniestationss contre la guerre sont organisées dés juillet.
Le 29 juillet, la CGT déclare dans un Manifeste « Toute guerre n’est qu’un attentat contre la classe ouvrière ».
Mais le 4 août, Léon Jouhaux annoncent le ralliement des principaux leaders syndicaux à l’Union sacrée.
Le 14 décembre, Pierre Monatte démissionne du bureau confédéral pour marquer son opposition à la guerre.
La CGT, bien qu’affaiblie, s’adapte aux nouvelles conditions nées de la mise en place de l’économie de guerre.
Néanmoins, une petite minorité d’internationalistes 2 se dresse contre la guerre.
L’année 1917 connaît une poussée gréviste exceptionnelle sur fond de révolution en Russie.
Au sortir de la guerre, la direction confédérale assume son réformisme et la politique de présence, alors que de son côté, la minorité se place dans le sillage ouvert par la révolution russe.
Le processus scissionniste est à l’œuvre.
A compter de 1922, coexistent deux centrales : la CGT (dite confédérée) et la CGTU (unitaire).
Crise économique et scandales politiques alimentent la colère populaire et les ligues d’extrême droite.
Le soir du 6 février 1934, la République semble un instant vaciller.
Face au danger fasciste, la CGT, rejointe par la SFIO et la CGTU, appelle à une grève générale de 24 heures le lundi 12 février.
Les manifestations unitaires du 14 juillet 1935 scellent la réconciliation de la classe ouvrière toute entière avec la République.
Elles ouvrent la voie au Rassemblement populaire qui cimente les gauches dans une perspective électorale.
L’unité de la CGT se réalise au congrès de Toulouse en mars 1936.
L’ampleur des défilés du 1er mai préfigure déjà la victoire électorale du Front populaire.
La poussée gréviste, la ruée syndicale et les accords Matignon sont une victoire sur la misère.
La dislocation du Front populaire en 1938 et les tensions internationales croissantes exacerbent les conflits au sein de la CGT.
La guerre avec l'Allemagne nazi et la signature du traité de non agression germano-soviétique ouvre une crise profonde.
Arrivé au pouvoir, Pétain prend la décision de dissoudre les syndicats.
La scission de la CGT se résorbe dans les circonstances singulières de la Résistance et de la clandestinité avec l’accord conclu au Perreux en 1943.
La CGT réunifiée donne ainsi une impulsion décisive à la mise en place, le 27 mai 1943, du Conseil national de la Résistance.
Celui-ci s’engage alors dans l’élaboration d’une Charte de la Résistance qui prendra la forme d’un programme intitulé « Les Jours Heureux ».
Durant l’été 1944, la CGT et la classe ouvrière se portent aux avant-postes des combats.
Au terme d’une dure semaine de batailles, Paris est libéré le 25 août par les forces populaires.
La CGT réunifiée compte dorénavant cinq millions d’adhérents.
La poussée progressiste de l’après-guerre permet des avancés sociales et économiques majeures menées par le ministre du travail communiste Ambroise Croizat, Secrétaire de la Fédération des Travailleurs de la Métallurgie CGT (nationalisations, sécurité sociale, comités d’entreprises, statuts des personnels…).
Les luttes de 1947 et le déclenchement de la Guerre froide rendent irréparables les rivalités entre tendances.
La scission du courant organisé autour du journal Force ouvrière brise à nouveau l’unité de la CGT comme est brisée d’ailleurs l’unité syndicale internationale un moment réalisée dans la Fédération syndicale mondiale.
La Guerre froide atteint son acmé au tournant des années 1950, la répression s’abat sur la CGT.
En s’attaquant aux retraites des fonctionnaires, Joseph Laniel provoque un conflit social majeur qui rassemble à son apogée près de quatre millions de grévistes.
Les années 1950 sont marquées par les guerres coloniales d’Indochine et d’Algérie.
Dès 1954, la CGT justifie le droit à l’insurrection du peuple algérien et prend des positions en faveur de la paix et de l’indépendance algérienne.
L’indépendance de l’Algérie s’installe comme un horizon inéluctable. L’OAS sème la terreur.
Le 8 février, une manifestation organisée pour dénoncer le fascisme et réclamer la paix, tourne au drame au métro Charonne.
Victime d’une répression aveugle, l’assassinat de neufs militants de la CGT soulève une émotion considérable.
En janvier 1966, la CGT brise son isolement en concluant un accord d’unité d’action avec la CFDT qui débouche sur un essor important des grèves dont le point d’orgue est constitué par la puissante grève généralisée de mai-juin 1968.
Malgré d’appréciables résultats revendicatifs, les espérances d’un changement politique ne se concrétisent pas.
La victoire de François Mitterrand, en 1981, ouvre une brève période de progrès social.
Mais très vite, les logiques de transformation sociale cèdent la place à une rigueur nourrie de « réalisme économique ».
Dès lors, la CGT engage une lutte opiniâtre contre les nouveaux visages de l’exploitation.
Les années 1980 connaissent une importante désyndicalisation.
Le libéralisme triomphe et les luttes reculent. Mais la CGT résiste et trouve la force du rebond.
L’année 1995 est marquée par un mouvement social d’ampleur et victorieux contre la réforme Juppé qui concerne les régimes particuliers de retraite.
Une nouvelle période commence alors.
Le syndicat est présent lors des manifestations et grèves contre la réforme des retraites.
La CGT s'investit beaucoup dans les très populaires journées d'action, de manifestations et de grèves contre la réforme des retraites avec des contre-propositions.
Elle propose, en particulier, que les salariés assujettis à des travaux pénibles aient droit à un départ à la retraite anticipé en fonction de la durée d’exposition à la pénibilité.
La CGT participe activement aux grèves et manifestations du printemps 2016.
Le 18 février 2016, le syndicat lance la pétition « Loi Travail : non, merci ! ».
Au total, la pétition recueillera le chiffre record de 1,35 million de signatures, lançant le Mouvement social contre la loi Travail.
Démarrent alors les manifestations contre le projet de réforme du code du travail.
En 2023, la CGT fait partie de l'intersyndicale nationale, comprenant toutes les organisations syndicales nationales, qui organise des journées de manifestations géantes dans 300 villes de France, avec de nombreuses grèves et occupations au centre du mouvement social contre le projet de réforme des retraites d'Emmanuel Macron.
Malgré l'unité syndicale et les millions de manifestants, le texte sera adopté à l'aide du 49.3.