Renault Flins : un site de production sacrifié
Après 70 années dédiées à l’assemblage de véhicule pour la marque au losange, la direction prévoit, l’arrêt de la production le 30 mars 2024.
Seules de nouvelles activités comme le recyclage des véhicules et la poursuite de l’emboutissage vont se poursuivre sur le site des Yvelines. Les salarié·es sont inquièt·es pour leur emplois. Les terrains vont être vendu à la découpe et le maintien des activités proposées sont loin d’avoir fait leurs preuves sur d’autres site.
Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une restructuration de l’ensemble du groupe Renault que la direction vient de découper en plusieurs entités (Horse, Ampère…).
Une stratégie purement financière
Pour Sophie Binet, Flins symbolise le scandale de la situation du secteur automobile. Ce qui motive cette fermeture, et de bien d’autres ce n’est pas la baisse des ventes ou des marges.
Sophie Binet à Flins
Les groupes privilégient uniquement les modèles permettant de faire le plus de marge au détriment de ceux qui répondent aux besoins sociaux et environnementaux. La preuve : à Flins, ce n’est pas un véhicule thermique dont on arrête la production, mais un véhicule électrique, la Zoé, dont la fabrication va être délocalisée.
La fin du véhicule thermique est un prétexte pour les constructeurs. Car à Flins, la fin de la production de la Zoé n’aurait jamais dû avoir lieu sans un nouveau projet de production de véhicule électrique ou à énergie décarbonée, seule capable de maintenir un haut niveau d’emploi et de garanties collectives.
Renault ne tient pas ses promesses et enterre les projets peu rentables
La direction a annoncé la fabrication de la Twingo électrique, à moins de 20 000 euros, en Slovénie. Pourtant, lors de la création de l’entité Ampère la direction avait annoncé que les véhicules électriques Renault resteraient sur le territoire français. Le PDG de Renault a sorti l’argument du coût de la main d’œuvre française pour revenir sur ses promesses.
Pourtant, il est possible de produire en France, des véhicules populaires vendus à des prix accessibles. Par exemple, les ingénieurs de Renault, comme ceux de Stellantis, ont élaboré des projets de petits véhicules électriques produits en France et commercialisable à moins de 15 000 euros. Projets qui ne sont jamais sortis des cartons car considérés comme pas assez rentables.
Le gouvernement doit protéger la production industrielle sur le territoire français
Le gouvernement doit contraindre les constructeurs français, Renault et Stellantis, à investir en France pour y localiser la production et la recherche de l’ensemble des futurs véhicules électriques et à énergie décarbonée.
C’est ce qui se passe au Japon, où le gouvernement a imposé à Renault Nissan de produire sur le territoire japonais un véhicule électrique vendu 17 000 euros.
Pour politique industrielle ambitieuse et respectueuse de l’environnement
Face à cet enjeu et la casse organisée de notre industrie, la CGT s’appuie sur les propositions des salariés à partir de situations concrètes, notamment là où l’emploi et les sites industriels sont menacés ou susceptibles de l’être.
Ainsi, les organisations CGT sont engagées dans plusieurs batailles pour l’emploi et l’industrie comme à la Centrale de Gardanne, Clestra, Valdunes, la Chapelle Darblay, le projet de véhicule électrique en lien avec l’avenir de la SAM et de MMTB (ex-magna), etc…
Depuis plusieurs décennies, la France a abandonné sa politique industrielle au profit des multinationales, qui ont obtenus des milliards d’aides publiques sans contreparties ( mettre lien avec guide aides publiques).
Ce choix creuse les déficits commerciaux et fait disparaitre des savoirs faire qui pourraient être des points d’appui aux innovations.
Les propositions de la CGT
La CGT ne cesse d’alerter sur la nécessité d’en finir avec cette stratégie du chèque en blanc aux multinationales et porte 5 propositions pour changer la donne :
L’emploi et les garanties collectives des travailleuses et travailleurs doivent être sécurisés et garantis par la mise en place d’une sécurité sociale professionnelle.
Les aides publiques aux entreprises doivent toutes être conditionnées à des objectifs sociaux et environnementaux. La CGT propose un avis conforme sur les aides publiques. Comme elle propose également un avis conforme du CSE et un droit d’expertise sur les conséquences environnementales des activités de l’entreprise sur l’environnement et la biodiversité.
Réaliser un bilan des privatisations et un bilan de la stratégie financière de l’Etat via la BPI, la CDC ou encore l’APE et recréer de vrais pôles publics industriels et énergétiques avec des objectifs environnementaux et sociaux incluant bien entendu le développement des territoires.
Promouvoir dans la commande et les investissements publics des normes contraignantes en matière de localisation des productions, de respect des normes sociales, fiscales et environnementales, en commençant par interdire le fait qu’il y a plus d’un niveau de sous-traitance.
Associer en amont sur tous les projets qui ont un impact sur leurs activités les collectivités, les syndicats, les représentants des entreprises sous-traitantes, comme les syndicats d’entreprises et avoir une voix dans les CA. La CGT propose, par exemple, lors des restructurations, de leur donner un droit prioritaire d’examen des propositions alternatives qui n’existe pas aujourd’hui.