Victoire pour les salarié·es du Mont-Saint-Michel !

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Le Mont-Saint-Michel, deuxième destination touristique de France, accueille plus de trois millions de visiteurs chaque année. Pas moins de 55 salarié·es œuvrent chaque jour pour le bon fonctionnement du site, dans des conditions parfois difficiles. Les agent·es et l’intersyndicale locale CGT-CFDT-Sud ont déjà fait remonter un ensemble de problématiques à l’administration locale et via les instances représentatives nationales au niveau du Centre des monuments nationaux (CMN).

Si certains points avaient pu avancer dans ces cadres de discussion, en particulier après une enquête de la formation spécialisée en matière de santé, de sécurité et de conditions de travail (FSSSCT, équivalent de la CSSCT dans la Fonction publique), nombre de sujets importants continuaient de faire du sur-place, en particulier sur les effectifs, les conditions de travail et la reconnaissance financière des spécificités des salarié·es du mont.

Une grève dans la baie

Pour enfin être entendu·es, les agent·es du Mont ont décidé d’organiser une grève pendant la période de Noël. Les revendications portaient sur plusieurs sujets :

les effectifs, avec la création de 10 postes supplémentaires et la fin des recours aux contrats précaires renouvelés au mois le mois ;les conditions de travail, avec entre autres la création d’un point d’accueil pérenne et de qualité à la barbacane, la création de postes d’information, la mise en place d’une meilleure signalétique, un renforcement des mesures de sécurité, l’amélioration et le nettoyage des locaux des personnels et le suivi des préconisations de l’enquête de la FSSSCT ;une reconnaissance financière de l’expertise et de la technicité des agent·es du monument, notamment au sujet de la pratique quotidienne des langues étrangères dans le cadre de leurs missions, et la réponse à des questions d’égalité de traitement entre les agent·es ayant un statut différent.

Le rapport de force porte ses fruits

Suite au dépôt de préavis le 19 décembre, une première réunion de négociation s’est tenue le 22 décembre. Après plus de cinq heures de négociations, la direction de l’établissement a déjà concédé certaines avancées :

sur les effectifs, l’administration s’est engagée à ouvrir immédiatement un poste d’agent de service d’accueil et de surveillance, à remplacer les agent·es en absence de longue durée par des contrats de remplacement, à remplacer tous les départs en retraites par des agent·es permanent·es et à établir des contrats sur la durée du besoin dans le cadre du recours aux contrats en CDD sur les conditions de travail, avec une meilleure rotation des navettes dédiées, l’utilisation des véhicules de service par les agents lors des grandes marées et des nocturnes, la communication des permanences de la direction, le déploiement à court terme de la nouvelle signalétique, la mise en place d’un groupe de travail sur les postes d’information, des études AMO (assistance à maîtrise d’ouvrage) concernant un aménagement de la barbacane et de la porte de la boutique, un nettoyage régulier et un réameublement de la salle de repos, une formation sur la sûreté dispensée à tou·tes les agent·es, et une communication du tableau de suivi des risques psychosociaux à tou·tes les agent·es ;si l’administration s’est engagée à étudier les situations d’inégalité de traitement au cas par cas, elle s’est prononcée négativement sur la reconnaissance financière, prétextant que la mettre en place serait injuste vis-à-vis des salarié·es des autres monuments –  un nivellement par le bas inacceptable.

Ces premières avancées, bien que notables, ne répondant pas à des revendications importantes des salarié·es, les agent·es se sont mis·es en grève le 26 décembre.

 

A l’heure où @leCMN se gargarise d’une fréquentation record des monuments nationaux, depuis le 26 décembre des agents de l’abbaye du Mont-Saint-Michel ont décidé de se mettre en grève sur la base d’un préavis de grève reconductible local de l’intersyndicale CGT, CFDT, SUD du CMN pic.twitter.com/bb0Px4GRSN

— CGT CMN (@snmh_cgt) December 28, 2023

 

Un mouvement suivi malgré la stratégie de la direction

Une nouvelle réunion de négociations s’est tenue le 3 janvier, sans déboucher sur des avancées notables. Pire encore : la direction semblait viser l’épuisement du mouvement, en maintenant l’ouverture du monument gratuitement de 13 heures à 16 heures dans des conditions désastreuses pour les visiteurs et les agent·es, et en faisant traîner les discussions.

 

6ème jour de grève à l’abbaye du Mont-Saint-Michel :
Les agents toujours plus déterminés à se faire entendre !

Aujourd’hui encore, alors que le mouvement a commencé depuis le 26 décembre, les agents de l’abbaye ont reconduit leur mouvement entamant une 2eme semaine de grève! pic.twitter.com/ccxPdB6xBP

— CGT CMN (@snmh_cgt) January 2, 2024

 

Face à cette stratégie, le 8 janvier 2024, les grévistes sont passé·es en mode « marathon » : grève tous les samedis (principal jour d’affluence) jusqu’à satisfaction de leurs revendications, et mise dans la balance d’une possible mobilisation lors du passage de la flamme olympique au Mont en mai 2024. L’intersyndicale a également envoyé un courrier à la ministre de la Culture pour solliciter une médiation.

 

Après 10 jours de grève : nouvelle modalité de lutte décidé en AG ce matin à l’abbaye du Mont-Saint-Michel : Grève tous les samedis jusqu’à ce que le CMN entende leurs revendications! #salaires #conditionsdetravail #emplois @lacgtcommunique @cgt_culture @afpfr @OuestFrance pic.twitter.com/Cb4TkbVe7V

— CGT CMN (@snmh_cgt) January 8, 2024

 

De nouvelles avancées pour les agent·es

Face à la détermination des agent·es en lutte, une troisième journée de négociation s’est tenue le 10 janvier, au cours de laquelle la direction a enfin mis de nouvelles propositions sur la table. Un protocole de fin de grève a été signé le 13 janvier par l’intersyndicale… et les grévistes ne repartent pas les mains vides.

En plus de tous les engagements pris par l’administration lors de la réunion du 22 décembre, les agent·es ont obtenu :

trois nouveaux postes (au service accueil et surveillance, à la boutique et au service entretien et maintenance) ;le versement de jusqu’à 50 % de la prime variable de rémunération aux agent·es de réserve de Pontorson ;la mise en place d’un groupe de travail avec les organisations syndicales sur la reconnaissance de la pratique des langues étrangères des agent·es du CMN dans les plus brefs délais ;La tenue d’une FSSSCT extraordinaire dès janvier pour faire le point sur les avancées obtenues en matière de conditions de travail.

Riches de leur victoire, les agent·es et leurs organisations syndicales restent mobilisés, et sauront se rappeler au bon souvenir du CMN si le protocole n’était pas respecté.