Le plan de planification écologique du gouvernement qui n’en est pas un

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Ce plan n’a de planification réelle que le nom

Les rares objectifs chiffrés concrets de ce plan ne répondent que très partiellement au nécessaire besoin de réorganisation de la société pour faire face aux défis futurs.

Il s’agit finalement de beaucoup d’aides publiques ou d’incitations, ce qui est très éloigné des changements radicaux nécessaires pour faire face à la catastrophe climatique.

De plus, le gouvernement reste assez évasif sur les conditions d’accession nécessaires pour percevoir ces aides. Il y a donc un fort risque que ces milliards d’euros d’argent public finissent en grande partie dans la poche des actionnaires des multinationales sans contrepartie ni résultat en face, en dehors de délocalisations et de fermetures de sites industriels (à l’instar de ce qui se passe actuellement à Renault Flins).

À quand un réel encadrement et contrôle de ces aides ?

Sur la question des transports, si on peut évidemment se réjouir de l’augmentation des moyens pour le développement des infrastructures de transports, en particulier ferroviaires, elles sont encore largement insuffisantes pour permettre un réel transfert des déplacements vers les transports collectifs.

Par exemple, il est annoncé une enveloppe de 700 millions d’euros dédiée aux 13 nouveaux RER hors-Paris, soit 53 M€ par projet.
Or, ce montant semble bien insuffisant, quand on sait par exemple que l’extension du RER-E en Île-de-France va au moins couter 5,4 MILLIARDS d’euros… soit 100 fois plus que le budget alloué à chaque RER métropolitain.

Cela veut-il dire que le reste à charge (très important) des investissements nécessaires sera à la charge des collectivités territoriales ?
Elles qui dénoncent déjà des financements trop faibles par rapport au besoin d’entretien du réseau.

Concernant l’énergie, le flou est encore assez présent

Actuellement, en dehors des annonces de soutien à la recherche nucléaire et de la conversion de la centrale à charbon de Cordemais et celle de Saint-Avold (la centrale de Gardanne n’a par ailleurs pas été évoquée pour le moment), aucun nouveau grand projet concret n’est annoncé.

Le soutien et l’accélération des énergies renouvelables, en particulier leur production et leur recyclage, tout comme la planification de leur déploiement, restent une zone d’ombre sans annonce concrète.

À noter que le congé d’accompagnement pour les agent·es des centrales à charbon est donc étendu à 28 mois mais à 65% du salaire avant PSE.

Il s’agit d’un dispositif, assez unique actuellement, pris en charge par l’État pour garantir la reconversion de ces personnels vers des projets d’avenir à la transformation de site industriel.

Une planification écologique digne de ce nom devrait s’appuyer sur ce dispositif pour le généraliser à toutes les productions nécessitant une reconversion, dans l’idée d’aller vers la Sécurité sociale professionnelle. Cependant, ces dispositifs doivent intégrer la nécessité que l’accompagnement soit à la hauteur des niveaux des salaires avant PSE.

Manque de concret sur l’agriculture et l’eau

La vision du gouvernement sur la souveraineté alimentaire n’est pas détaillée, tout comme la stratégie « protéine végétale ».

On notera que 10 M€ sont débloqués pour une campagne de communication sur l’agriculture biologique, mais aucun renforcement du soutien à la filière annoncé, alors que celle-ci est à la peine face à l’agro-industrie, la majorité des aides, en particulier celles de la PAC (politique agricole commune de l’UE), sont déjà captées par de grandes exploitations conventionnelles. Les exploitations plus petites et respectueuses de l’environnement sont en revanche bien moins aidées.

Sur l’eau le plan ne comporte :

pas d’interdiction des mégabassines,
pas de grand chantier national pour la rénovation des canalisations (alors qu’on sait que la vétusté des canalisations est responsable d’au moins 20% des pertes d’eau potable à l’échelle nationale),
pas de renforcement du contrôle public…

Pourtant la problématique de l’eau devient de plus en plus urgente à traiter de manière écologique pour l’intérêt général et non du capital.

Industrie : le gouvernement reste fidèle à sa doctrine

Le gouvernent mise massivement sur l’hydrogène et les « megafactories » de batteries, ainsi que la capture de CO2 (solution expérimentale qui n’est pas encore déployable à grande échelle).

A quoi est destiné l’hydrogène ? Là aussi, ce n’est pas clair. Emmanuel Macron annonce ainsi un « contrat » visant à réduire de 45% les émissions des 50 sites les plus polluants de France, mais là aussi peu de détails.

Quels engagements pour l’État, en particulier financiers ?
Quelles garanties sociales et environnementales ?
Quels contrôles des aides publiques et des critères environnementaux ?

Sur les autres sujets, on notera la création d’un nouveau crédit d’impôt (un de plus !) pour encourager la production des « technologies essentielles à la transition énergétique ».

Un plan qui n’est pas à la hauteur des enjeux face à l’urgence environnementale.

Où sont les renforcements des services publics, premier rempart face aux catastrophes ?
Où sont les grands projets pour réorganiser les métropoles et réduire l’impact des déplacements ?
Où sont les grands chantiers pour adapter nos infrastructures à l’évolution du climat ?
Où sont les grandes annonces de réindustrialisation pour répondre aux besoins primaires ?
Où est la stratégie pour assurer une sécurité et une souveraineté alimentaires ?
Où sont les mesures fortes pour réduire la surconsommation et réellement sanctionner l’artificialisation des sols ? Etc.

Encore une fois, même s’il y a un timide début d’action, celle-ci reste toujours en deçà de ce qui est nécessaire. En parallèle, pour les entreprises, il y a toujours plus de crédits immédiatement disponibles

La mobilisation de la CGT et des salarié∙es est nécessaire pour imposer une réelle planification écologique et juste, à la hauteur des enjeux.

 

Pour faire face à ces enjeux, la CGT revendique :

Plan d’action syndical pour l’environnement (information, formation, assises de la mobilité, états généraux de l’industrie et de l’environnement…) ;
Relocaliser massivement la production, en partant des besoins de la population ;
Développer les transports en commun et les lignes de trains (au-delà des RER métropolitains) et les rendre accessibles au plus grand nombre (réduction de la TVA à 5,5% et réduction des péages) ;
Rendre accessibles les véhicules électriques, notamment via la proposition de véhiculaire populaire et léger (voir ici) ;
Retour au service public de l’énergie, sortir l’énergie du marché et revenir à un juste prix de 0,18€ TTC/kWh ;
Faire de l’eau un bien commun ;
Grand plan de rénovation énergétique des bâtiments encadré par un service public de la performance énergétique ;
Création d’un pôle financier public, en charge du financement de la transition et de la transformation de la production ;
Conditionnalité des aides publiques sur des critères sociaux et environnementaux de haut niveau ;
Le développement massif du fret fluvial et ferroviaire, moyen le plus efficace et le moins polluant pour transporter des marchandises (voir ici) ;
La mise en place de la Sécurité Sociale Professionnelle , afin de sécuriser le parcours professionnel tout au long de la carrière, et en particulier dans les secteurs devant se transformer en profondeur pour faire face à l’enjeu climatique ;
Réduire voire faire disparaitre les élevages intensifs et l’utilisation d’antibiotiques, mettre en place des pratiques permettant une réduction des émissions de GES et le respect de la vie animale.

 

Livret CGT : Aides aux entreprise ? oui mais sous conditions