Grève féministe… l’idée n’est pas nouvelle.
Déjà, en 1882, Louise Michel appelait à la grève des femmes.
Quelques années plus tard, dans le cadre du mouvement des suffragettes, des appels à des actions de « désobéissance civile » destinés à alerter l’opinion, parmi lesquelles la grève de l’impôt ou celle des « ventres » ont été lancés.
Partout, dans le monde, depuis plus d’un siècle et demi, les femmes luttent pour obtenir des droits.
La Journée internationale des droits des femmes, célébrée chaque année le 8 mars, trouve d’ailleurs ses racines dans les luttes historiques des femmes pour l’égalité, la justice et la dignité.
L’idée de grève nationale des femmes ressurgit dans les années soixante-dix avec la deuxième vague du mouvement féministe.
En France, une grève du travail salarié, domestique et des soins aux enfants, avait été lancée en 1974.
En Islande, en 1975, la première grande grève féministe nationale bloque le pays avec plus de 90 % de grévistes.
Quinze ans plus tard, en 1991, l’appel à la grève des Suisses, qui a rassemblé plus de 500 000 femmes, permet d’obtenir, cinq ans plus tard, la loi sur l’égalité.
Mais la convergence pour l’égalité au travail comme dans la vie est plus récente.
Depuis quelques années, dans un contexte de montée de l’extrême droite, la nouvelle vague féministe mondiale s’approprie l’instrument de la grève.
Ainsi, en 2016, les Polonaises organisent une grande grève nationale après la remise en cause du droit à l’avortement.
La même année, en Amérique du Sud, les féministes du Chili et d’Argentine lancent le slogan : « Si on s’arrête, tout s’arrête » pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles.
Succès des premières grèves féministes
Depuis 2017, le mouvement fait tâche d’huile à travers la planète et un appel à une grève internationale du travail professionnel ET du travail domestique est lancé à l’occasion du 8 mars.
En France, une trentaine d’organisations féministes, les syndicats CGT, FSU et Solidaires, des ONG, et organisations de jeunesse répondent présentes et appellent les femmes à cesser le travail à 15h40 pour marquer les inégalités salariales.
Avec plus de 300 actions recensées dans l’hexagone, la mobilisation est un succès.
Depuis, en France, et à l’international, le mouvement s’amplifie.
Ainsi, en Espagne, en 2018, plus de 6 millions d’Espagnoles descendent dans la rue dans un concert de casseroles pour « réveiller la société et les pouvoirs publics » après plus d’une année de mobilisation pour convaincre les femmes de la nécessité de se mettre en grève.
Le 14 juin 2019, les Suisses s’emparent aussi de la grève féministe et rassemblent plus de 500 000 manifestants autour d’un manifeste pour l’égalité.
L’appel à la grève féministe le 8 mars : un tournant
Si, la CGT a toujours été attachée au caractère révolutionnaire du 8 mars, journée de lutte pour les droits des femmes, la décision d’appeler à la grève féministe est un tournant.
La grève, c’est d’abord l’arrêt des activités de production.
Le soin aux enfants et aux personnes vulnérables ne peut être suspendu. Invisible, dévalorisé, sous qualifié, ce travail est pourtant un pilier de la vie économique et sociale, au même titre que le travail productif.
Aussi, la grève féministe signifie encourager une réorganisation pour un partage des tâches domestiques entre femmes et hommes et une meilleure prise en charge collective, notamment par le développement des services publics.
Englober toutes les facettes de l’oppression
En soulignant les liens étroits entre charges domestiques, violences sexistes et sexuelles et inégalités professionnelles, la grève féministe permet ainsi d’englober toutes les facettes de l’oppression.
La conquête de l’égalité professionnelle ne peut se faire sans rééquilibrage du partage sexué des tâches ménagères et de l’éducation des enfants.
Cette imbrication a été mise en lumière lors des derniers mouvements contre les réformes des retraites avec une forte mobilisation des femmes sur ces questions spécifiques.
L’élargissement et la dynamique du mouvement semblent ouvrir de nouvelles perspectives aux luttes sociales mais aussi imposer les enjeux féministes tout au long de l’année, et pas seulement le 8 mars.
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