Femmage à Martha Desrumaux

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Pourquoi un femmage ? 

Un femmage parce que les mots sont aussi des outils de lutte féministe pour rendre visibles les femmes oubliées de notre histoire. 

La vie de Martha est marquée par les luttes syndicales et politiques et reflète le courage et la détermination de nombreuses femmes de la Résistance. Née en 1897, elle commence à travailler à 9 ans, se syndique à 15 ans et mène sa première grève quelques années plus tard pendant la Première Guerre mondiale. 

Elle mène de pair engagement syndical et politique. 

Elue à la commission executive de la CGTU du nord, elle organise une marche imposante des chômeurs du Nord Pas de Calais en 1933 jusqu’à Paris. 

En 1936, elle se présente aux négociations de Matignon porteuse des bulletins de salaires de centaines d’ouvrières. 

En 1936, elle organise le recrutement, dans son département, de combattants pour les brigades internationales en soutien aux républicains espagnols. 

Son engagement dans les grèves ouvrières du nord, ses qualités reconnues de courage physique lors des grèves, de capacité à prendre la parole, ses qualités tactiques et stratégiques d’organisatrice des luttes, ont fait d’elle une militante remarquée non seulement de ses camarades mais aussi des forces de police : condamnations et séjours en prisons se succèdent mais ne parviennent pas à la décourager. 

En 1939, après l’interdiction du parti communiste, elle entre dans la clandestinité pour réorganiser l’activité militante. Elle est arrêtée le 27 aout 1941 puis déportée à Ravensbrück le 28 mars 1942. 

Libérée en avril 1945, elle est nommée par la CGT à l’assemblée constitutive provisoire mais, atteinte du typhus, elle ne peut y siéger. Après sa démission de l’UD du nord, elle poursuivra son militantisme au sein de l’Union des Femmes Françaises et de l’association des déportés et résistants. 

Le parcours de Martha est emblématique d’une époque et de l’engagement sans faille de milliers de militantes et militants. 

Arrimés sur la volonté de mener la lutte des classes dans toutes ses dimensions, elles et ils se sont forgé·es dans des luttes difficiles contre le fascisme dès 1934, contre les répressions et à le faire en défense permanente des travailleurs et travailleuses. Cette expérience acquise par la conduite des luttes syndicales de l’entre-deux guerres ou leur participation à la guerre civile espagnole ont été des points d’appui pour constituer les premiers réseaux de résistance à l’occupant nazi. 

C’est encore plus vrai pour les militantes qui, en tant que femmes, avaient grâce à l’engagement syndical, déjà bousculé les dominations et stéréotypes de genre et conquis une façon d’être et de raisonner profondément émancipatrice. L’action inlassable de Martha pour informer et organiser les ouvrières doit nous inspirer encore aujourd’hui. 

La CGT sait ce qu’elle doit à des femmes de cette envergure. 

Nous voulons être leurs continuatrices, leurs continuateurs. Dans une des rares archives orales de Martha, en possession de notre IHS, Martha nous délivre un message : 

« Toutes ces luttes ont eu leur raison d’être dans le combat pour nous faire reconnaître comme des personnes comme tout le monde, à savoir que nous avons le droit de revendiquer, c’est-à-dire revendiquer le droit à la vie. Et je crois que les femmes n’ont pas à rougir de tous ces combats qui ont eu lieu – des fois des défaites, des fois des victoires, mais ça a eu sa raison d’être » 

En réponse, lors de la soirée de femmage, Sophie Binet a conclu son discours par ce message : “Oui Martha, le combat pour les revendications et la mobilisation des femmes a toujours sa raison d’être et la CGT féministe d’aujourd’hui est bien décidée à le prolonger.”