Etrangers, et nos frères pourtant

A l’appel du PCF, de l’ADIRP et de la CGT, presque deux cents personnes se sont rassemblées au pied du Monument aux Morts sans uniformes de Niort pour rendre hommage à Missak et Mélinée Manouchian, sans oublier leurs camarades fusillés et guillotinée

Entrecoupées des chants de la chorale “Y En A Marre”, les prises de paroles ont évoqué l’engagement et le sacrifice de ces combattants de l’ombre.
Ces 23 militants de la Liberté, exécutés par les nazis après avoir été arrêté par la police française.

C’était aussi l’occasion de rappeler que leur combat contre le fascisme est toujours d’actualité, que le ventre de la bête immonde est encore fécond.

Et que nous ne les laisserons pas passer.

Prise de parole de la CGT

Nous sommes rassemblés ici pour porter hommage à nos camardes Mélinée et Missak MANOUCHIAN panthéonisés ce jour !

Mais avec Missak, ils sont 21 à avoir été fusillés il y a 80 ans jour pour jour au Mont Valérien. Une autre camarade de l’affiche rouge sera guillotinée quelques jours plus tard.

Fusillés par les nazis car ils sont militants ouvriers, militants politiques et surtout résistants à l’occupant !

C’est en tout 1 009 personnes qui sont tués par les nazis sur le Mont Valérien durant l’occupation. C’est près de 20 millions de personnes qui perdent la vie en Europe à cause de l’holocauste, à cause du nazisme.

De nombreux camarades de la Confédération Générale du travail, du Parti Communiste Français sont déportés, torturés et ou fusillés.

Henri Krasucki, qui deviendra par la suite secrétaire confédéral de la CGT, fait partie du réseau Francs Tireur et Partisans Main-d’Oeuvre Immigré de Paris comme Mélinée, Missak et beaucoup d’autres camarades.

Adolescent à ce moment, Henri Krasucki participait surtout à des actions de rassemblements et manifestations spontanées contre l’occupant et des distributions de tracts, avant que ses camarades soient arrêtés et fusillés, il sera, lui, torturé puis déporté à Auschwitz Birkenau en juin 1943 où son père avait été exécuté quelques mois auparavant.

Les actions de sabotage du groupe FTP MOI autour des Manouchian continuent et continueront après la mort de Missak.

Ceux-ci, arrivés d’Europe ou de plus loin, comme le décrit Léon Landini, un autre FTP MOI du réseau de Lyon, encore là pour témoigné malgré la torture qu’il a subit, ceux-ci étaient appelés par certains sales polacs, les macaronis, les ritals, les sales juif. Des étrangers, mal considéré, subissant le racisme mais avec la France à cœur, cette France qu’ils aimaient à en mourir.

Dans ces réseaux de résistances à Paris et ailleurs, les camarades du parti, syndiqués à la CGT, exercent leur militantisme en clandestinité, et réalisent de nombreux sabotages, et de nombreuses distributions, pour résister à l’occupant nazi, ils protègent aussi le Conseil National de la Résistance qui produira le programme progressiste de reconstruction pour l’après-guerre.

Nous fêterons les 80 ans du Conseil National de la Résistance le vendredi 15 mars, et ce sera l’occasion de projeter « Les Jours Heureux », nom du programme du CNR et nom du film de Gilles Péret que nous diffuserons à la maison des syndicats à 18h.

Quelques vers pour se souvenir par Louis Aragon poète et résistant lui aussi :

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant.

Nos camarades qui leur survivront témoigneront tous de la montée de l’extrême droite avant la guerre, une extrême droite dédiabolisée qui ne faisait plus peur, et qui a été pourtant capable des pires atrocités.

Ne laissons pas ces temps sombre revenir, nous nous ferons devoir de faire barrage au FN et à tous les vecteurs d’une préférence nationale qui divise.

Restons soudés, militons, et retrouvons au plus vite les jours heureux !

Pour aller plus loin:
Manouchian et ses camarades : qui sont les 23 martyrs de l’Affiche rouge ?