Le 6 février 1934, Edouard DALADIER (Président du Conseil, la fonction de Président de la République n’ayant qu’un rôle honorifique car non élu au suffrage universel) doit présenter son gouvernement à la Chambre des Députés.
Les organisations d’extrême droite (les royalistes de l’Action Française, les nationalistes des Croix de Feu, certaines associations d’anciens combattants …) appellent à manifester notamment Place de la Concorde et autour du Palais Bourbon, siège de l’Assemblée Nationale avec la volonté évidente de s’emparer d’un pouvoir jugé discrédité.
Les ligues précitées utilisent l’émoi suscité par les scandales dans lesquels le gouvernement et le parti radical sont impliqués. L’un de ces scandales a été relancé par la mort opportune de l’escroc Stavisky, banquier dont les opérations ont bénéficié de protections politiques et judiciaires.
D’autres éléments ont joué dans ces émeutes : les effets de la grave crise économique et sociale partie des Etats Unis et qui touche la France au début des années 30, le culte d’un régime totalitaire fort inspiré de Mussolini et Hitler, les changements gouvernementaux incessants, le remplacement du préfet de Police de Paris (CHIAPPE) à cause de ses positions extrêmes …
Afin de disperser les manifestants de plus en plus nombreux et violents, la police tire à balles réelles : le bilan s’élève à près de 20 morts et plusieurs centaines de blessés attestant de la gravité de ces émeutes.
Face à cette tentative de putsch, des grèves et des manifestations unitaires à l’appel des organisations syndicales se déroulent dans tout le pays. Cette riposte commune à laquelle se joignent les partis de gauche culminera avec un grand rassemblement parisien le 12 février 34 autour du mot d’ordre suivant : « le fascisme ne passera pas ».
2 ans plus tard, c’est le Front Populaire qui accède au pouvoir après sa victoire aux élections législatives .Ce sera sans doute l’occasion d’un autre rappel historique.
Leçons pour aujourd’hui :
S’il est vrai que l’histoire ne se répète jamais dans les mêmes termes, force est néanmoins de constater certaines similitudes.
Un approfondissement DES crises (sociale, économique, politique, démocratique, culturelle, climatique) qui minent nos sociétés occidentales ; une montée des populismes à l’échelle planétaire ; une défiance généralisée de nos élites ; un racisme de plus en plus assumé …
C’est dans ces conditions contemporaines que l’on assiste à la (ré)émergence des idées d’extrême droite ainsi qu’à certaines de ses pratiques : tabassage de militants ou tentatives de mise à sac de locaux politiques et syndicaux, ratonnades, tags racistes et antisémites, bataille culturelle autour de la défense de la valeur de nos civilisations blanches.