Victoire féministe à l’hôtel Première classe de Suresnes

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Le licenciement injuste d’une de leurs collègues a mis le feu aux poudres. Bloquée à l’étranger après avoir perdu ses papiers, une salariée avait été licenciée pour absence injustifiée. Ignorant cet état de fait à son retour, elle avait repris le travail normalement. La direction a alors appelé la police pour faire sortir par la force l’employée de 55 ans.

Le 19 août, les salarié·es se sont mis·es en grève. Leurs revendications étaient simples : augmentation du salaire de base en l’indexant sur l’inflation ; instauration d’une prime exceptionnelle pour le pouvoir d’achat ; réintégration de leur collègue injustement licenciée ; meilleures conditions de travail.

Une direction qui a joué le pourrissement jusqu’au bout

Ignoré·es dans un premier temps par leur direction, les grévistes ont par la suite été victimes d’une répression confinant à l’acharnement : saisie du matériel syndical, multiples contrôles de police pour tapage, jusqu’à l’arrestation et six heures de garde à vue pour deux des salariées en lutte le 5 octobre, au prétexte d’une prétendue « agression sonore ».

Les grévistes ont néanmoins tenu bon, tous les jours sur le piquet de grève de 9 heures à 19 heures. Elles n’étaient pas seules : l’UD CGT 92, La Fédération CGT du commerce et des services, la Confédération, l’association Femmes égalité et bien d’autres les ont soutenues par de nombreuses actions et initiatives : contacts avec la préfecture, partage et contribution aux caisses de grève, repas solidaire, ciné-débat, meetings…

La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, s’est également déplacée à leurs côtés à plusieurs reprises dès le début du conflit, pour réaffirmer le soutien de la CGT à leur lutte et mettre en lumière les enjeux féministes de ce combat.

 

 

La victoire après neuf mois de lutte

Le 9 mai 2025, un protocole d’accord de fin de conflit a finalement été signé par les salarié·es de l’hôtel Première classe de Suresnes. Après neuf mois de grève, la dignité et la ténacité des femmes de chambre a enfin payé.

Grâce à leur lutte, elles ont gagné des mesures qui bénéficieront à tou·tes les salarié·es : le passage à temps complet, une étude sur les conditions de travail pour les améliorer, ou encore des formations – notamment pour l’apprentissage de la langue française.

Elles ont également obtenu le paiement de dix jours de grève, la neutralisation de leurs jours de grève pour le paiement des primes, le report des congés qu’elles n’ont pas pu prendre en raison de la grève et des réunions de dialogue avec la direction.

Reste à gagner une augmentation générale des salaires, qui sera négociée au niveau du groupe Louvre Hôtel (150 millions d’euros de chiffre d’affaires) lors des prochaines NAO.

 

 

Une lutte féministe

Les femmes de chambre exercent un métier féminisé sous payé, aux conditions de travail extrêmement pénibles, aux contrats précaires, à temps partiel contraint. Elles sont toutes mères de familles nombreuses, pour certaines en situation de monoparentalité et subissent des amplitudes horaires très difficilement compatibles avec leur vie personnelle et familiale. Le travail est dur – et parfois préjudiciable à la santé des salarié·es : « Trois camarades sont en arrêt maladie depuis deux ans, entre autres pour des douleurs musculaires. On subit aussi un management brutal, des ruptures conventionnelles infondées. Comme syndicalistes, on est traité·es comme des voyous » dénonçait Kande, représentante du personnel CGT-HPE, dans les colonnes de La Vie ouvrière en octobre 2024.

 

 

Cette victoire représente un pas de plus vers une meilleure reconnaissance de ce métier sous-évalué, et vers de meilleures conditions de travail – comme l’a été la victoire des femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles en 2021. Elles exigeaient le respect, elles l’ont gagné !

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. ( – Lu)

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