Transports pendant les JOP : quelles difficultés pour les salarié·es ?

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Le réseau de transports d’Île-de-France déjà en tension

L’organisation des transports est donc un défi majeur dans un contexte où le réseau est déjà en continuelle tension :

Tension sur le réseau qui est à saturation, tension sur les effectifs avec notamment une pénurie des conducteurs de bus, tension sur le matériel (ferré, bus et cars) sous-dimensionné et vieillissant.

Une équation compliquée à résoudre d’autant que les JOP se dérouleront en période estivale et en pleine vacances scolaires.

Si la majorité des épreuves se dérouleront à Paris et en Ile-de-France, 8 sites de la métropole seront aussi concernés (Lille, Lyon, Saint Etienne, Bordeaux, Marseille, et Nice) ainsi que Tahiti. Cela  conduira à de multiples déplacements sur l‘ensemble du territoire.

Pour rappel, le dossier de candidature déposé par la ville de Paris comportait des objectifs ambitieux en termes d’environnement de transports et d’accessibilité : 100% spectateurs devraient avoir accès aux sites olympiques en transport en commun ou à vélo, une heure maximum pour sortir d’un site, déploiement de voies dédiées avec aménagement avec aménagement de taxis et bus pour le transport de personnes à mobilité réduite.

Ces engagements s’appuyaient sur :

Le respect du calendrier de déploiement du Grand Paris Express (prolongement du RER E et de la ligne 14 du métro et de la mise en service des lignes 15 16 et 17).La mise en service du CDG express (Charles de Gaulle-Paris Est)Des travaux d’aménagement de la voirie pour créer des pistes cyclables L’extension des horaires de services de transports, l’augmentation des fréquences de passage et l’application de fréquences maximales

De tels objectifs nécessiteraient un réseau de transport ferré, routier et fluvial rénové et développé tel que le porte la CGT pour répondre aux besoins quotidiens des usagers et usagères fancilien∙nes et ainsi  permettre un véritable report modal sur la durée, profitant de manière pérenne aux déplacements des travailleur∙ses et des citoyen∙nes.

Aujourd’hui, à la veille de l’ouverture des JOP seuls les prolongements de la ligne E du RER et de la ligne 14 du métro sont opérationnels ce qui laisse présager des difficultés d‘exploitation et d’engorgements des réseaux.

Des transports par la route

185 kms de route (nationale, départementale, une partie du périphérique, autoroute A1, et voiries de la ville de paris) sécurisés seront réservés aux athlètes et des accrédité∙e.s sur lesquels circuleront 1000 bus et cars. 

Mais également plus 400 bus en voie de retrait de service aménagés pour le transport des athlètes paralympiques et plus de 2740 véhicules individuels.

Tout ceci nécessitera des centaines de conducteurs supplémentaires et c’est bien la que le bât blesse en lien avec l’attractivité des métiers.

Les voies réservées feront l’objet de contrôles, avec des amendes à la clé.

La possible saturation du réseau  de transports terrestres ferré et routier

Une solution expérimentale par les airs est envisagée par la mise en service de taxis volants (mix hélicoptère, drone) électriques pour assurer la liaison entre l’aéroport de Paris Charles de Gaulle et l’aéroport du Bourget et l’héliport de Paris au quai d’Austerlitz (barge flottante aménagée). 

Plutôt que de valoriser les transports collectifs une sélection par le prix se fera pour une clientèle de privilégiés. On est loin de l’esprit olympique et populaire

Quelques exemples de points de vigilance pendant la période de jeux olympiques sur le périmètre des transports

Activité collecte des déchets sur la région parisienne pour les villes concernées par les JOP est assurée par des entreprises privées (fédération des transports) et des salarie∙es du service public, à ce jour aucune disposition n’a été prise sur le surcroit d’activité renvoyant à l’organisation des collectes comptes tenu des restrictions d’accès dans certaines zones. (Effectif, itinéraires, horaires de collecte)
 Activité transport urbain la plupart des réseaux concernés par les JOP les opérateurs d’exploitation (RATP KEOLIS TRANSDEV) ont acheté la paix sociale par l’attribution de primes liées généralement à l’assiduité qui de fait risque d’annihiler toutes perspectives de mouvements sociaux.

Une remarque sur la politique tarifaire sur l’ile de France pendant les jeux olympiques ou le prix du ticket est multiplié par deux. Nous pouvons nous interroger sur cette mesure transitoire décidée par la région sur sa pertinence et son devenir.  Il est à noter que pour ce secteur le manque d’attractivité du métier de conducteur de bus met l’emploi sous tension. En effet, les conditions sociales (salaires, conditions de travail…) sont la cause du mal. 

D’une part, les contraintes de services publics ne sont pas ou plus compensées et, d’autre part, l’ouverture à la concurrence des réseaux amènent les entreprises à baisser leur coût pour tenter de remporter les parts de marché.

Activité transports routiers voyageurs de nombreux conducteurs de province ont été sollicités sur la base du volontariat pour renforcer les dessertes sur Paris notamment (KEOLIS TRANSDEV RATP DEV) ces deux groupes faisant appel à des conducteurs régionaux ou étrangers. 

Au-delà des problèmes liés aux modifications de contrats de travail ces ressources utilisées pendant les jeux olympiques seront des moyens en moins pour assurer les dessertes scolaires en province lors de la rentrée scolaire.

Activité transports routiers de marchandises et de logistique il pourrait y avoir des restrictions de circulation sur les jours de grands départs, d’accès à certaines zones pendant les jeux olympiques. 
Sur la région parisienne, des risques de congestion du trafic routier compte tenu de la mise en place de voies de circulation réservées aux délégations aux taxis et services prioritaires. Les entreprises seront invitées à reporter les livraisons dans certaines zones : ce qui entraînera des conséquences sur l’organisation du travail et les rythmes horaires

Une table ronde a fait suite au lendemain d’une forte mobilisation des cheminotes et cheminots d’Île-de-France afin d’exiger des moyens pour assurer la production dans le respect de la réglementation du travail et une reconnaissance financière de la part de l’entreprise.

Les transports aériens

Sur les aéroports parisiens l’accessibilité par la route sera compliquée compte tenu du trafic quotidien déjà surchargé ; l’augmentation significative du trafic passagers sur la période des jeux olympiques et paralympiques sera l’un des points tension 

Aéroports de Paris a lancé un appel au volontariat auquel 3 000 salarié·es ont répondu pour absorber le trafic passagers et l’accueil des délégations. Les volontaires ADP seront mobilisés dès le 8 juillet jusqu’à la fin des jeux paralympiques : quid de leur temps de travail et de leurs missions quotidiennes.

Sur les activités des sous-traitants liées à l’aérien (livraisons bagages, sureté, de nettoyage …) pas de renforts d’effectifs et une organisation du travail à flux tendu.

Les livreurs à vélo 

Aucunes informations  pour les livreurs à vélo sur les possibilités de continuer d’exercer leurs activités dans les zones d’accès restreintes et d’emprunter les voies réservées (lieux où se tiennent les épreuves olympiques). 
Les livreurs motorisés devront demander un pass : en sera-t-il de même pour les travailleurs étrangers et sans-papiers ?

Pour un certain nombre de ces secteurs, la communication des entreprises est peu prolixe sur la volonté de faire appel aux retraité∙es, de reporter les départs en retraite, de reporter la prise de congé pendant les mois de juillet et d’août de distribuer des primes à celles et ceux qui accepteraient des dérogations à la réglementation du travail pour absorber la surcharge de production pendant la période.

Point juridique 

La loi ne prévoit pas de motif de retard spécifique aux perturbations engendrées par la tenue des Jeux Olympiques.

Le ministère des Transports a mis en place un site dédié : (https://anticiperlesjeux.gouv.fr/)  à l’organisation des Jeux mais, s’il anticipe déjà de fortes perturbations des transports et des restrictions de circulation, il ne prévoit aucune mesure contraignante pour les employeurs.

Attention, si vous craignez des sanctions pour des retards liés à l’organisation des JO, il peut être utile de garder la preuve : 

Des perturbations des transports le(s) jour(s) des retards, Des heures de départ du domicile afin d’attester de sa bonne foi, Des éventuelles demandes d’aménagement temporaire de poste lorsque ceux-ci sont possibles (télétravail, demande de changement d’horaires, etc..).

Certaines zones, situées à proximité des lieux d’accueil des épreuves, seront en accès restreint et nécessiteront un enregistrement préalable auprès de la préfecture de Police.

Pour les salarié·es : 

Le Ministère a fait le choix de laisser la charge aux salarié∙es dont les déplacements seraient impactés de solliciter un pass d’accès (https://www.pass-jeux.gouv.fr/), l’employeur est tenu de fournir un justificatif employeur ou de mission afin que le ou la salarié∙e soit en mesure de justifier sa demande. 

Pour nos élu·es et mandaté·es : 

Il existe une disposition qui permet à l’employeur de demander des accréditations permanentes pour tous·tes les élu·es et mandaté·es qui leur permettra d’accéder aux sites dans la limite de leur périmètre d’intervention et de leurs prérogatives.

C’est l’entreprise d’appartenance des instances représentatives du personnel qui recense et dépose les demandes d’accréditation auprès de Paris 2024.

Les modalités d’accès aux périmètres de sécurité ne sauraient exclure la circulation des élu∙es et mandaté∙es syndicaux sur les lieux de travail où ils et elles sont amené∙es à exercer leur mandat, sauf à porter atteinte à la liberté syndicale et au droit à la représentation.

Analyse CGT

Un des enjeux de ces JOP est d’en limiter au maximum l’empreinte écologique. C’est pourquoi, la volonté première du Comité d’organisation était de faire la part belle aux vélos et permettre l’accès à tous les sites de compétition.
Un objectif de plus dont la réalisation se révèle aléatoire.

Le retard dans la réalisation de certains travaux nous amène à nous interroger sur le financement de certains projets de leurs conséquences sur l’offre de transports.
Un des moyens de contourner cette difficulté est de faire baisser la demande quotidienne de transports voyageurs et marchandises pendant cette période chez les francilien∙nes pour absorber l’afflux de voyageur∙ses. 

Les salarié∙es ne concourant pas à la réalisation des JOP seront donc invité∙es à poser des congés ou à télétravailler : nous pouvons nous interroger sur la liberté de choix et sur la compatibilité des espaces de travail à domicile.

L’objectif de la charte sociale disponible ici signée entre les organisations syndicales, patronales et le comité d’organisation des JOP qui était « de placer l’emploi de qualité et les conditions de travail des salariés au cœur de l’impact socio-économique des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 ». Même si celle-ci n’est pas contraignante mais il est bon de rappeler qu’elle a tout de même été signée par le patronat.

L’organisation des JOP ne doit pas être le laboratoire de la déréglementation du travail, le Comité d’organisations des Jeux Olympiques et Paralympiques souhaite que ces jeux soient exemplaires d’un point vue environnemental : faisons en sorte qu’ils le soient pour les conditions de vie et travail des salarié∙es.

→ Besoin de plus d’informations ?
Consultez le dossier complet “Jeux olympiques : le droit du travail ne peut pas être hors-jeu”

→ Des questions ? 
La CGT met en place un numéro vert pour tous les salarié·es : 0 801 230 526 du 22 juillet au 9 août inclus, du lundi au vendredi de 9h à 17h.

 

Accédez à la foire aux questions sur les JOP
 

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. ( – Lu)

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