Alors que la situation se dégradait depuis des mois, les salarié·es ont entamé un mouvement de grève
La direction de Mooveo, entreprise familiale d’ambulances grassoise (06), ne cessait de remettre en cause les horaires de travail, les rémunérations…
« Dans un objectif de rentabilité, la direction s’est mise à raboter sur les salaires et à revenir sur les usages » déplore Salah, représentant du syndicat CGT nouvellement implanté.
Un changement de planning unilatéral de l’employeur forçant les salarié·es à travailler le dimanche a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
« Les salarié·es étaient très en colère, décrit Salah. On a compris qu’elles et ils étaient prêt·es à bouger, du coup on a lancé le mouvement. »
Grève surprise
Le matin du 11 septembre, la grève était déclarée.
« On s’est organisé·es avec des camarades de confiance pour éviter les fuites et que la direction ne puisse pas se préparer indique Salah. On avait l’UL (union locale) derrière nous, qui nous a fourni du matériel (chasubles, drapeaux).
L’UD (union départementale) était derrière nous aussi, plus sur les questions de communication externe (presse…) et les liens avec les RG.
Le matin à 8 heures, je suis arrivé sur mon scooter, j’ai posé deux drapeaux CGT dessus et je me suis mis à distribuer les tracts. »
Les revendications portées par l’intersyndicale CGT-CFDT étaient simples :
revalorisations salariales, amélioration des conditions de travail, respect du Code du travail, respect des droits syndicaux des salarié·es.
La direction fait la sourde oreille… au début
Si au départ, l’employeur faisait mine de ne pas s’inquiéter du mouvement, son comportement a évolué face à l’ampleur de la mobilisation.
« Trois véhicules sur dix étaient immobilisés à Grasse, neuf sur dix sur l’autre site à Antibes » se rappelle Salah. « L’après-midi il est allé à Antibes pour s’adresser aux grévistes. Faute de réponse satisfaisante de sa part, on a décidé de reconduire la grève le lendemain. »
L’employeur finit par plier
Le mouvement a donc repris le 12 septembre. « Il y avait un peu moins de grévistes que la veille, précise Salah, mais le secrétaire général de l’UL était présent, et les camarades d’Antibes nous ont rejoint·es sur Grasse. »
En début d’après-midi, un agent de la sureté territoriale a demandé aux grévistes leurs revendications, et les a transmises à l’employeur. La négociation s’est ouverte peu après.
Les salarié·es en grève ont donc mis fin à leur mouvement à la fin de la journée, après avoir obtenu plusieurs engagements de la direction sur :
la fin des reculs sociaux (par exemple le travail du dimanche sur le site de Grasse) ;un droit de regard des élus sur le planning des transports pour éviter les différences de traitement ;une prime de 720 euros de bonne tenue des véhicules ambulances.
Et ce n’est qu’un début
La mobilisation a donné un poids nouveau aux organisations syndicales de l’entreprise. Elles ont gagné en légitimité, ce qui fait évoluer le rapport de force chez Mooveo.
Prochaine objectif des syndicats : l’élaboration d’un accord d’entreprise pour que l’employeur réalise ses engagements, et pour négocier de nouvelles avancées. Ils savent désormais qu’ils peuvent compter sur l’appui des salarié·es pour défendre leurs droits et en acquérir de nouveaux.